Réduire son empreinte écologique ? Biocapacité ? Nombre de Terres nécessaires ? Mais qu’est-ce que tout cela veut dire ?
Les concepts “empreinte écologique” et “biocapacité” ont été créés simultanément dans les années 90 par Mathis Wackernagel et William Reed, deux activistes environnementaux. Ces deux concepts sont indissociables l’un de l’autre car ils représentent à la fois la pression d’une population sur la planète et la capacité à produire des ressources biologiques de celle-ci. Ces notions sont utiles pour comparer le déficit ou les réserves écologiques d’une région, d’un pays ou de la planète.
Hectare global
L’unité utilisée est l’hectare global (hag). Il s’agit d’un hectare que l’on normalise avec deux rapports :
- La productivité moyenne du pays par rapport à la moyenne des productivités de tous les pays (ce qui permet de comparer différents pays).
- La productivité moyenne du type de terrain par rapport à la moyenne des productivités de tous les types de terrains (ce qui permet de comparer différents terrains).
L’hectare global correspond donc à la moyenne mondiale de la productivité biologique d’un hectare. Grâce à cette unité, nous pouvons comparer différents terrains dans différents pays comme s’ils avaient la même capacité moyenne de production.
Depuis les années 70, l’empreinte écologique de l’humanité a dépassé la biocapacité de la planète. Cela fait donc bientôt 50 ans que nous vivons à crédit…
La Biocapacité (BC)
Différentes zones sur Terre peuvent produire des ressources biologiques. Trois niveaux de productivité existent sur notre planète :
- Les ressources directement exploitables par l’homme que l’on peut classer en 5 catégories :
- Terres agricoles 4 mia hag
- Pâturages 1.5 mia hag
- Forêts 5 mia hag
- Zones de pêche 1 mia hag
- Terrains construits 0.5 mia hag
- Les terres non productives :
- Déserts
- Glaciers
- etc.
- Les terres qui ne sont pas exploitables directement :
- Fonds marins
- Hautes montagnes
- etc.
Calculer la biocapacité d’un terrain permet de mesurer sa capacité à produire des matières biologiques utiles. Ce concept mesure la production d’un terrain mais il ne prend pas en compte la capacité d’absorption du CO2. Je vais revenir sur ce sujet par la suite.
La surface biologiquement productive en 2019 est de 12,2 milliards hag. Avec une population actuelle de 7.7 milliards d’individus, la capacité biologique est donc de 1,6 hag / personne
L’empreinte écologique (EE)
L’empreinte écologique indique la pression de la production et de la consommation exercée sur l’environnement par une population. L’EE mesure la surface de terre et d’eau biologiquement productive dont une population a besoin pour produire ses ressources mais également pour assimiler ses déchets.
Notre Empreinte écologique, en 2016, est de 20,5 milliards hag. Nous utilisions donc 2.75 hag / personne. Comme nous l’avons vu, la capacité biologique totale est de 1.6 hag / personne. Notre surconsommation dépasse nos ressources. Nous arrivons au résultat de 1,7 planètes.
Les 6 empreintes écologiques
L’EE peut être divisée en 6 sous-empreintes:
- Terres agricoles : utilisées pour cultiver les plantes qui nous serons nécessaires pour notre alimentation ainsi que pour celle du bétail. Cela représente également les cultures qui seront par la suite transformées en fibres (lin, coton, etc.), en huile ou autres. Sur les 1.5 milliards d’hectares de cultures, un peu moins de la moitié seulement est utilisée pour notre alimentation. Le tiers est utilisé pour nourrir le bétail.
- Pâturages : utilisés presque entièrement pour la production de viande mais également pour le cuir, la laine etc. Les 3.4 milliards d’hectares sont considérés comme utilisés pour l’élevage du bétail
- Forêts : Cette empreinte tient en compte seulement ce que les forêts peuvent produire et non leur capacité à absorber le CO2. Les produits principaux sont le bois de chauffe, le papier et les produits dérivés tels que le mobilier (armoire, bureau etc.) ou autres.
- Zones de pêches : Production de phytoplancton qui servira à nourrir les poissons et crustacés que nous mangeons.
- Terrains construits : zones biologiquement productives remplacées par les logements, les transports, les industries etc.
- Surfaces énergies : Equivalent à la surface nécessaire à l’absorption de nos émissions de carbone, 60% de notre impact écologique vient de la combustion de matières fossiles. les forêts stockent du gaz carbonique en le transformant en bois, en racines etc. Puis elles rejettent à nouveau le CO2 dans la nature à la fin de la vie de l’arbre par sa combustion ou par sa décomposition. Les forêts sont des stocks géants mais elles n’éliminent en aucun cas le dioxyde de carbone définitivement. La capacité des arbres à absorber le gaz carbonique dépend de leurs largeurs et de leurs emplacements. Il faut environ 50 arbres tropicaux ou 100 arbres européens pour absorber une tonne de CO21. Il est donc très difficile de trouver une moyenne mondiale de la surface nécessaire pour absorber une tonne de CO2. Une tonne de CO2 correspond environ à 4000 km en voiture. Les transports ne sont pas pour seuls responsables. Tout a un impact carbone.
Jour de dépassement
Un autre terme important lié à l’empreinte écologique est aussi fréquemment utilisé. Il s’agit du jour de dépassement. Cela correspond au jour à partir duquel nous vivons à crédit. En 2019 le jour de dépassement pour l’Europe était le 10 mai alors que celui de la planète aura lieu au mois de juillet.
Les inégalités
Les pays du monde entier ne sont pas tous égaux face à la pression que leurs populations exercent sur la planète. La moyenne mondiale est de 2.75 hag / personne. Le pays avec le plus grand impact écologique est le Qatar avec 14.4 hag / personne, soit plus de cinq fois la moyenne mondiale. Dans le top 10 figurent les Etats-Unis qui consomment pour l’équivalent de 8.1 hag / personne. La France quant à elle, se retrouve à la
45ème position avec 4.4 hag / personne. Les pays exerçant une faible pression se trouvent principalement sur les continents asiatiques et africains comme par exemple l’Erythrée avec seulement 0.5 hag / personne. Si vous êtes intéressé par un pays en particulier ou juste pour approfondir le sujet, je vous conseille d’aller visiter le site Global Footprint Network. Attention, ce site Internet est uniquement en anglais.
Deux grandes classes se démarquent lorsque l’on compare l’EE et la BC : Les débiteurs et le créditeurs écologiques.
Si tout le monde consommait comme les européens, soit 4.56 hag / personne, il faudrait environ 3 planètes pour subvenir à nos besoins. Cela nous place donc en situation de déficit écologique. Nous consommons trop et produisons trop de déchets ; vraiment trop par rapport à notre biocapacité totale ! Notre EE est supérieure à notre BC de plus de 1 milliard d’hag. Cela veut dire que pour vivre à notre niveau de vie, nous exploitons d’autres parties du monde au détriment de nous-mêmes et du reste de ses occupants. La majorité des pays “développés” ont actuellement une dette écologique.
Raisons :
- Dégradation des ressources territoriales ; utilisation des ressources biologiques plus rapide que son temps de renouvellement.
- Importations sont supérieures aux exportations. Le pays a besoin des ressources extérieures pour subvenir à sa consommation actuelle.
- Production de plus de déchets comme le CO2 qui ne peut pas être entièrement absorbé par les forêts territoriales.
Cependant une seule variable est sûre: tant que nous continuerons à consommer excessivement, les inégalités ne cesseront jamais…
Les limites de l’empreinte écologique
Comme vous l’avez bien compris, l’EE indique la pression que l’on impose par rapport à notre capacité biologique. Ce concept aide énormément à quantifier nos impacts environnementaux. Malheureusement, l’empreinte écologique ne prend pas en compte plusieurs facteurs importants qu’il ne faut surtout pas négliger. J’ai décidé de les classer en deux types de pression:
Pressions sur les ressources naturelles :
- Destruction couche d’ozone
- Pollution de l’air autre que CO2
- Particules fines
- Pollutions des sols :
- Pesticides
- Métaux lourds
- Épuisement des sols :
- Minerais
- Combustibles
- Pollutions des eaux:
- Acidification des eaux
- Prolifération du plastique dans les océans
- Acidification des eaux
Pressions sur la biodiversité :
-
- Animaux:
- Extinction d’espèces
- Prolifération d’espèces invasives
- Plantes :
- Déforestations
- Normalisation des gênes
- Animaux:
Les changements pour un avenir durable
Malgré tous les rapports scientifiques à ce sujet, notre consommation et notre empreinte écologique sont continuellement en augmentation alors que nous vivons déjà depuis longtemps à crédit. A notre échelle, plusieurs démarches sont possibles. Il faut tout d’abord commencer par mettre le doigt sur nos consommations qui ont le plus d’impacts. Voici six catégories de consommation qui méritent notre réflexion. Vous trouverez également plusieurs exemples pour diminuer votre empreinte pour chaque catégorie :
Transport
- Limiter les longs voyages avec beaucoup d’heures d’avion ; éviter de partir chaque été de l’autre côté du monde, qu’en pensez vous ?
- Trajets longs : privilégier les transports publiques, le covoiturage…
- Trajets courts : privilégier le vélo, marche…
Alimentation
- Consommer bio (réduit peu l’empreinte écologique mais cela diminuera énormément la pression sur la biodiversité)
- Réduction de la consommation animale
- Consommer local
Logement, Energie
- Location voir collocation si l’espace du logement est trop volumineux
- Privilégier les énergies renouvelables ou peu gourmandes pour le chauffage et l’électricité
Déchets (3R)
- Réduire (exemple : consommation de plastique d’emballage)
- Réutiliser (exemple : une boite en métal reçue en cadeau pour en faire un moule à gâteau
)
- Recycler (exemple : ramener ses déchets de pique-nique à la maison pour les recycler comme il le faut)
Consommation non alimentaire
- Préférer l’achat de vêtements de deuxième mains
- Préférer les livres numériques, l’échange ou le prêt/emprunt de livres et de magazines
Eau
- Privilégier les douches courtes à la place de bains
- Faire la vaisselle à la main sans faire couler l’eau perpétuellement
Objectifs
Je vous invite à effectuer le calcul d’empreinte écologique de WWF afin d’avoir une idée où ce situe votre empreinte écologique et dans quels domaines vous avez le plus de travail à faire. Il s’agit d’un test suisse. Les moyennes utilisées dans ce modèle peuvent donc être légèrement différentes selon votre pays de domicile mais vous pourrez déjà avoir une bonne idée de votre empreinte actuelle.
Personnellement, la plus grande partie de mon empreinte est liée au transport car j’utilise beaucoup trop la voiture et j’ai également trop souvent pris l’avion pour partir en vacances hors de l’Europe. Et oui on aime tous prendre le large et visiter des endroits totalement différents de notre quotidien !
C’est pourquoi j’ai décidé de me concentrer sur ces trois objectifs :
- Eviter de prendre l’avion cette année.
- Visiter plus mon pays pendant mes vacances plutôt que de partir loin à l’étranger.
- Prendre un abonnement pour les transports publiques.
Et vous, quel est le prochain domaine de consommation que vous voulez diminuer ? Savez-vous comment y parvenir ?
Laissez un commentaire ! Vos objectifs donneront sûrement des idées aux autres lecteurs, partagez !
Sources :
Données chiffrées et graphiques: Global Footprint Network
Biocapacité et empreinte écologique des modes de vie, Natasha Zuinen et Nadine Gouzée
Sur cette problématique d’empreinte écologique, dessinatrice, je me permets de compléter la réflexion avec la série de dessins que je suis en train de réaliser pour le Muséum d’histoire naturelle de Grenoble, intitulée « Anthropocène » : https://1011-art.blogspot.com/p/planche-encyclopedie.html
Mais aussi par la série « Panta rhei » sur ce même sujet https://1011-art.blogspot.com/p/ordre-du-monde.html
Et +
Merci pour ce complément artistique !